Vous êtes ici:
Homélie
» Saint Matthieu, apôtre et évangéliste
Vie ChrétienneSaint Matthieu, apôtre et évangélisteJésus « voit un homme ». Rien ne laisse supposer qu’ils se soient déjà rencontrés ; pourtant le Seigneur le connaît par son nom. Il le rejoint au cœur de son activité quotidienne, qui n’est d’ailleurs pas très louable. Matthieu est « assis », c’est-à-dire arrêté au bord de la route, enlisé dans ses convoitises, incapable de progresser. Contrairement à un autre douanier du nom de Zachée, Matthieu n’entreprend rien pour mieux connaître Jésus : il ne s’intéresse tout simplement pas à lui. C’est sans doute pourquoi Notre-Seigneur prend l’initiative de s’approcher de lui. Une controverse éclate à propos du repas pris en commun avec les amis de Matthieu. Selon saint Luc la fête a lieu dans la maison de celui-ci ; mais en lisant le premier ou le second évangile, on peut tout aussi bien imaginer que c’est Jésus qui invite chez lui Matthieu et ses amis, ce qui ne ferait qu’augmenter le scandale aux yeux des gardiens des bonnes mœurs. Pourtant n’est-ce pas effectivement ce qui se passe à chaque Eucharistie ? De même que Jésus « dédouane » le percepteur Matthieu, ainsi fait-il pour tout homme qui reconnaît en lui l’Envoyé de Dieu : en Jésus nous avons libre accès à la terre de liberté pour laquelle nous sommes créés ; avec lui nous pouvons prendre place « à table, à la maison » comme des fils d’un même Père. Ce n’est pas un hasard si l’épisode de l’appel de Matthieu clôture la série des miracles, rapportés dans le premier Evangile. Le paralytique qui se lève de son brancard sur l’ordre de Jésus, n’est-il pas une figure du publicain Matthieu ? On se souvient que Jésus explicite clairement le sens de ce miracle qui précède immédiatement notre péricope : « Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre autorité pour pardonner les péchés : Lève-toi, prends ta civière et va dans ta maison » (Mt 9,6). N’est-ce pas exactement ce qu’a fait Matthieu : lui aussi, sur l’ordre de Jésus, s’est levé et est entré dans « sa maison » où Jésus l’attendait pour se réjouir et festoyer, « car le fils qui était mort, est revenu à la vie, celui qui était perdu, est retrouvé » (Lc 15,24). « Seigneur, ce Matthieu, c’est moi, qu’aujourd’hui tu appelles, tel que je suis. Il y a quelques années, tu avais déjà posé ton regard sur moi et tu m’avais invité à te suivre, ce que j’avais fait joyeusement. Mais la vie de ce monde m’a rattrapée, et insensiblement, je me suis à nouveau enlisé dans une religiosité superficielle, oubliant ta présence à mes côtés. Ouvre les oreilles de mon cœur que je puisse réentendre ta voix et me laisser saisir par la grâce, afin de pouvoir t’offrir la joie d’une conversion sincère et féconde. » |