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 - 19 novembre 2024 - Saint Tanguy
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De jeunes musulmans français se battent en Irak

PARIS (AP) - Abdelhalim Badjoudj et Redouane El-Hakim n’avaient pas 20 ans, ils fumaient du haschisch, buvaient de la bière, écoutaient du rap et s’habillaient en jeans, comme tant d’autres jeunes. Mais ils ont quitté leur cité de la banlieue nord de Paris pour l’Irak et y sont morts, comme tant d’autres "djihadistes".

Badjoudj, qui aurait fêté ses 19 ans le 16 décembre, a selon sa famille péri le 20 octobre au volant d’une voiture piégée près d’une patrouille américaine sur la route de l’aéroport de Bagdad, blessant deux soldats américains et deux policiers irakiens. Il serait le deuxième Français à avoir commis un attentat-suicide en Irak.

Le corps de Redouane El-Hakim, 19 ans, a semble-t-il été retrouvé le 17 juillet après le bombardement par les troupes américaines d’une cache présumée des insurgés à Falloujah, bastion de la rébellion sunnite. Les autorités françaises ont également confirmé le décès d’un troisième Français, Tarek W., âgé d’une vingtaine d’années : il aurait été tué le 17 septembre après s’être battu pendant plusieurs mois dans le triangle sunnite, où se trouvent la plupart des combattants étrangers.

Comme nombre de jeunes Français issus de l’immigration maghrébine, Abdelhalim Badjoudj était au chômage. "S’il avait eu un travail, cela ne serait pas arrivé. Il ne se voyait pas d’avenir", estime son oncle maternel, Hicham, interrogé par l’agence Associated Press (AP). D’après lui, son neveu n’a jamais connu son père, algérien, qui a quitté sa mère, tunisienne, quand Abdelhalim avait trois ans et son frère Sabri un an. La mère, qui a eu cinq autres enfants avec un Egyptien, vivrait maintenant en Syrie ou en Egypte.

Sabri, aujourd’hui âgé de 17 ans, a suivi son grand frère en Irak à l’automne et aurait récemment gagné Mossoul, dans le Nord, après l’offensive américaine du mois dernier sur Falloujah.

Bien que le nombre de Français musulmans engagés en Irak semble peu élevé, les responsables de l’antiterrorisme s’inquiètent de ce que ces jeunes, principalement d’ascendance tunisienne ou algérienne, puissent revenir livrer le "djihad", la guerre sainte, en France.

"Ils deviennent des stars", explique Gilles Leclair, directeur de l’Unité de coordination de lutte antiterroriste de la police française (Uclat). "Selon nos renseignements, des (Français) se trouvent toujours en Irak" mais "il est trop tôt pour dire s’il y en a 10, 15 ou 40".

D’après Hicham, son neveu pouvait à peine parler arabe ou s’identifier à la culture irakienne. "Abdelhalim buvait de la bière, il fumait beaucoup de haschisch" mais il était extrêmement timide, calme, "super gentil" et "super poli", souligne-t-il. Seulement, "il n’y a pas de travail ici, pas de père attentif, la vie est dure", constate l’oncle, âgé de 36 ans, qui, lui, parle arabe.

Et d’évoquer les problèmes d’une partie des jeunes musulmans, en France et dans d’autres pays occidentaux, où ils ne trouvent pas leur place, souvent relégués dans des HLM miteux où ils sont confrontés à la pauvreté mais aussi à la violence et à la délinquance. On compte quatre à six millions de musulmans en France. Au mal-être s’ajoute la réprobation de la présence américaine en Irak et de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Ne reste plus aux islamistes radicaux qu’à récupérer la colère, la frustration et le désespoir de cette jeunesse pour recruter des "djihadistes".

Selon son oncle, Abdelhalim s’était rendu en Syrie l’an dernier avec cinq ou six amis musulmans français, tous chômeurs, pour s’inscrire dans une école coranique à Damas. Ils auraient tous fini en Irak. Six mois après son départ, Abdelhalim est revenu à Paris, a épousé une jeune fille de 18 ans, d’origine marocaine, et est reparti en Syrie moins d’un mois après.

"Il a dit ’Inch Allah, j’irai en Irak’. Il voulait aider ses frères arabes, il voulait être avec eux", se souvient Hicham. "Je lui ai dit de ne pas y aller, que j’essaierais de lui trouver un travail mais je n’ai pas fait suffisamment d’efforts. Je ne savais pas qu’il deviendrait kamikaze".

"Il a dit que la vie était bien meilleure là-bas (en Syrie), les gens plus gentils et qu’on vivait comme des dingues ici. Il a dit : ’Je veux juste vivre une journée entière en paix’." Les jeunes gens auraient été endoctrinés et recrutés par les extrémistes en Syrie même, mais auraient reçu en France de l’argent d’une source inconnue pour le gîte, le couvert et l’habillement.

Pour Gilles Leclair, il n’existe pas de réseau organisé de recrutement en France pour l’Irak mais les extrémistes prospectent dans les fast-foods, les boutiques de téléphonie mobile, les cybercafés... Les jeunes, constate-t-il, "vont à la mosquée, discutent, entendent des prêches radicaux, des tas de choses, et la plupart du temps ils sont sans travail. C’est une sorte d’aventure. Ils y vont parce que c’est un honneur". AP


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